LA CHATTE CAPUCINE
Tandis que sur ma feuille, je cherche encor la rime
Ou que du chevalet, la toile est encor vierge
Depuis l’entablement où désormais tu trônes
Tu contemples désastre
Mon stylo est stérile et mon pinceau sans voix
Je n’ai plus rien en stock, au magasin intime
Pas la moindre lueur, c’est le désert complet
Et l’angoisse du vide
De ton Å“il almandin, la fente ironique
Contemple ma latence, rit de mon désarroi
Dans la pose du Sphinx, énigme hiératique
Tu gardes, méprisante, le trousseau de tes clefs
Enfin tu condescends
Parce que tu m’aimes bien, sautes sur l’écritoire
Piétines mes feuillets ; d’un petit bout de queue
Caresses mes narines, et puis te frottes à moi
Ronronnante et câline, investis posément
L’espace de ma vie
Alors je t’envisage, fasciné par ta robe
Discrètement tigrée de noir, gris-bleu et d’or
Tandis que tu t’étires, toutes griffes dehors.
Tu bailles gueule ouverte, menace carnassière
Puis lisses tes moustaches.
Après vient le lustrage de ta fauve toison
Avec ta langue rose, languide va et vient.
De toutes les minettes, tu es la Cléopâtre
Quand la nuit est venue, la Diane chasseresse
Le rêve des matous
De ton dos je caresse le pelage soyeux
Voila que tu ronronnes et que tes yeux dorés
Ajoutant au mystère ne sont que deux tirets
Eclairée ma lanterne, évidence trouvée
Finalement c’est toi, Capu que je vais peindre
Sur toi je vais rimer