Des Moines, Iowa, Etats Unis, 03H19 du matin.
Un cri déchire la nuit ; Steven, quatre ans, se réveille en larmes :
Sursaut hors d’un cauchemar ou rêve prémonitoire ?
« Ils ont tué mon papa ». Nancy s’est précipitée, anxieuse,
Dans la chambre de son fils. « Ils ont tué mon papa ».
Elle tente de le calmer, le tient contre son cœur,
Le serre fort dans ses bras, inquiète en son for intérieur.
Charlie Whitehead, vingt huit ans, militaire de carrière, avance vers Karbala
En compagnie des chars. Le taraude une unique pensée : accomplir
La mission qu’il est venu remplir sur cette terre aride.
Abattre le pouvoir et instaurer une démocratie au nom de l’Amérique
Dont l’idéal hégémonique est de débarrasser l’Irak d’un encombrant tyran.
Les chenilles processionnaires, venimeuses, armées de leurs bons sentiments,
Cheminent depuis Koweit pour conquérir la Cité de la Paix, berceau de l’Islam
Aux confluents du Tigre et de l’Euphrate. Des milliers de stances poétiques
Séparent l’infidèle barbare de cette mosaïque ethnique composée
Anciennement par Mésopotamie l’Antique.
La croisade est lancée pour libérer un peuple écrasé d’embargo, victime et proie
Du monstre dictateur. Mais son heure est comptée ; c’est une question d’honneur,
D’étique, masquant difficilement les desseins scrutateurs : place géostratégique,
Intérêts économiques de ce Moyen Orient seront le carburant de Big Brother !
De tout cela, bien sûr, Charlie n’en a cure. Une seule cible à atteindre : Bagdad.
Contraste des cultures : l’esprit libre entreprise avale des hamburgers.
Sa survie se résume en deux mots : winner ou loser. Consommation embrasse
Consomption, lui délivre ses missives par le biais des avions : un balais de missiles.
C’est la volonté de Dieu. Est elle celle d’Allah ? Chiite ou Sunnite…
Quelles étranges consonances à l’oreille britannique ! Perplexe, le soldat américain
Découvre avec stupeur l’existence, jadis, de dénommés califes ;
Des sortes de gouverneurs ! Les us et coutumes de ce pays arabe ne suscitent L’émoi de Charlie dépourvu de complexe ; bon sens est patriote
D’une bannière étoilée. Décapiter le régime condamné ; renverser les statues
Elevées à la gloire de Saddam (qui du reste est en fuite avec sa dame, sa famille et sa suite). Des morts chez les civils par frappes chirurgicales. On entasse les corps
Faute de compresses stériles. Les pillages sévissent sous l’œil des médias avides
De sensations : scoops vides que vomissent toutes les télévisions.
On frôle la guerre civile. Le chaos est total.
Le Bien a triomphé du Mal…
Charlie finalement est rentré dans son Etat natal.
Sa famille s’affaire, se penche sur le suaire.
C’est demain qu’on l’enterre…
GO BAG DAD

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:oops: