Je dois m'en aller,
Loin de cet espace que nous nous sommes approprié,
Loin de ces rues que nous avons renommées,
Un ultime passage avant de partir,
J'ai vu sur le sol des miettes de nous,
Soufflées par le vent,
Piétinées par des semelles passantes.
Nous connaissions chaque ruelle,
Accrochant nos pensées à même la pierre,
Ces artères étaient devenues notre repère.
Désormais,
A l'heure où mon regard se traîne sur une autre ville,
Je me sens comme égaré,
L'esprit errant sur des trottoirs abimés,
C'est en morne passant que je dévisage les amants,
Je transperce leurs mains jointes comme pour défier le temps,
Où trop souvent j'ai cru,
Que nous étions tous puissants
Alors je marche seul,
Sans me soucier de la destination,
Longeant de sombres écluses qui reflètent le néant,
Et derrière moi je sais,
Que subsistent des vestiges,
Des perles de tendresses,
Des écumes de soupirs,
Mais je les laisse, les renie,
Exposés à la vue d'autres cœurs,
Offerts à d'autres rêveurs,
Aussi insipides que celui que j'étais,
Éblouis...
Par trop de sourires armés de couteaux,
Par trop de regards dissimulant les sanglots,
Pauvres rêveurs en quête du vertige,
Prêts à les suivre tout en haut la cime.
Je m'en souviendrai,
De cette ivresse qui décuple les sens,
De cette folie que l'on nomme insouciance,
Je ne l'oublierai,
Le viol de l'inconscient...
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" Laisser crever c'est pas un crime quand on est économiste" D.Saez