Plume d'argent Inscrit le: 26/10/2014 De: Cintegabelle |
Au bistrot. Au bistrot.
Aujourd'hui, je vous invite à boire un verre, ou deux, ou trois. Je ne fréquente pas les bars branchés du centre ville, Néons fluos, cocktails branchés, déco de pacotille. Je vous amène au bistrot du coin, je vous explique pourquoi.
Il faut y aller dès l'ouverture, vers sept heures, c'est important. On s'installe au bout du bar, emplacement stratégique, on commande un café. Le patron se réveille, frotte le zinc avant le défilé. Il commente le journal, c'est parti pour les cancans.
Les premiers clients arrivent enfin, c'est un groupe d'ouvriers. Petits noirs, crèmes, noisettes, le patron s'active et les questionne Ils racontent leur chantier, se dérident quand arrivent la patronne. Ils sont un peu chez eux, ce sont des habitués.
La porte s'ouvre encore, courant d'air frais C'est au tour d'une vieille dame: "bonjour le monde". "Comme d'habitude Marie?" Et elle sourit à la ronde. Elle s'installe. Avez-vous remarqué son léger accent polonais?
"T'as vu le Pierrot? Il ne donne plus de nouvelles". "Mais si, il est passé hier mais il est fatigué par sa chimio". "T'as pas les résultats du tiercé? mets donc la radio" Robert arrive alors, toujours ponctuel.
Il est neuf heures et les clients défilent toujours. Troisième expresso, vous sentez-vous à l'aise? Ces gens qui nous entourent, c'est ma genèse. Les sujets fusent, les langues s'éveillent tour à tour.
Mais le temps passe et arrive l'heure de l'apéro Nous sommes à part entière membre du groupe. Chacun paye sa tournée, rafales de kir... ça sent l'entourloupe Un verre, deux verres, même s'il est un peu tôt.
On parle politique, les esprits s'échauffent vite. Un tel se plaint du chômage, un autre de son divorce. Quelques verres encore et on s'engueule avec force On se provoque en souriant. Ce n'est pas de la dynamite.
Il est midi, je tombe presque de mon tabouret. Vous aussi les copains vous bégayez, vos joues rosissent Et tournent les verres, pas de faux semblants, pas d'artifices. On rigole bien, tous potes et bien bourrés.
On s'en va enfin, on titube un peu, l'air frais va nous dessaouler. "Salut la compagnie et encore merci." J'espère que cette matinée vous a plus, que vous avez compris Que dans ce bistrot, c'est toute entière que s'est offerte l'humanité.
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