La dernière gaillette chargée de houille remonte de la fosse no 10 du Groupe d'Oignies à Dourges le 21 décembre 1990.
Il n’y a plus de mine de charbon opérationnelle dans le Nord-Pas de Calais.
Ils ne sortiront plus, tout noirs, du fond des puits,
Les yeux à demi clos, blessés par le grand jour,
la fosse va fermer, dès demain, pour toujours.
L'Erèbe des mineurs retrouvera la nuit.
Ils n'iront plus chercher, au profond de la terre,
Le charbon qui permit de chauffer les foyers,
Qui nous a apporté la fonte et puis l'acier,
Et qui nous attendait depuis des millénaires.
Ils ont donné leur sang, leur sueur et leur vie
Dans le bruit des haveuses et la chaleur du fond.
Ils ont mangé la roche et noirci leurs poumons
Pour que nul d'entre nous n'ait jamais froid chez lui.
Les terrils semblaient être nos seules montagnes,
Protégeant de leur ombre, à leurs pieds rassemblés,
Les corons, habitat de ces gens mal aimés,
Qui y retrouvaient là leurs enfants, leur compagne.
Quand les vieux seront morts, arrivera l'oubli
De toutes ces fatigues et de toutes ces peines.
Personne ne saura plus ce que fut la vie
Du mineur, tué par une tâche inhumaine.
Et tout va s'endormir, pour un très long sommeil.
Les friches vont rester, humbles témoins du temps
Où le Nord et la mine allaient, se confondant
Dans un pays noir, que semblait fuir le soleil.
C'est l'image qu'en ont beaucoup de gens encore.
Oh ! ils n'ont pas daigné se déplacer chez nous.
Ils ne sauront jamais comme il peut être doux
De flâner dans nos bois, d'y voir les fleurs éclore.
Le 9 Mai 1990
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)