A une lettre près, tu étais monstrueuse,
Animal mythique surgi du fond des mers,
La réalité est beaucoup plus merveilleuse,
Puisque tu es apparue pour moi sur la terre.
Tel un vieux navire par les flots abimés,
J’ai traîné mes gréements et ma carcasse de bois,
Pour être calfaté encore une dernière fois,
Pour une nouvelle vie, une fois encore retrouver,
Tel un vieux navire par les flots abimés,
J’ai trainé gréements et carcasse de guingois,
Dans ce noir radoub où j’ai manœuvré ma foi,
Telle une chandelle ta vue m’a réchauffé.
C’est en effet dans ce haut lieu de calfatage,
Que tu m’as doucement animé, extasié,
De vieux navire délabré, presqu’échoué,
Tu m’as fait oublier tous mes rafistolages.
Tu peux venir me visiter, monter à bord,
Et ta tête appuyer sur mon bastingage,
Me faire oublier, mon aimée, mon grand âge,
Pour partir naviguer dans les mers chaudes encore.
Attends je te prie que ma quille soit rétablie,
Que de nouveau la carène soit policée,
Et tous les deux reprendre la mer enlacés,
Pour voguer de concert vers le bel infini.
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L'homme est le rêve d'une ombre
(vers 135-140 des Pythiques de Pindare, le prince des poètes).