Fleuve aux bras creusés
Dans les terreaux des jours
En ton univers j’ai voyagé
Et paré de tes atours

Fleuve dans l’océan du présent tu m’as largué
Je ne peux remonter ton cours
Seules restent à mon âme par les vagues colées
Les poussières des peines et des amours

Je suis comme ce tronc d’arbre mort flottant
Planté dans les cœurs des flots sourds
Les racines bercées par les courants
Dans un tourbillon faisant des tours

Lorsque sur les tendres rivages d’une île émergente
D’une fosse aux abysses des secrets
L’âme s’accroche dans les fissures poignantes
D’où coulent les ruisseaux des regrets

Sur les roches dans l’air suffocante
Elle sue dans le cœur d’un présent étourdie
Trou dans les crevasses pivotantes
Aux poussières reliques de passés dans les replis

Ame dans le manoir de l’ermitage
Dis- pourquoi ? De maux tu t’habilles
Sur la citadelle de ta cage
Les remords font leurs nids

Leurs houles dressant leurs dents de scie
Cassant la carapace de l’étui
Pour eux ton couvent est fait de cire
Remuent la ruche de ton esprit

O âme pourquoi vis tu de doutes
Dans le terrier exigu
Ô toi l’ailée qui dans les nuées traces les routes
Ta place n’est pas dans le trou des reclus

Dans les drames se noient toujours les fautes
Survivante ajuste ton archer
Au passé rends sa dote
Et reprends de ses mains ton épée

Entre les ronces défriche ton chemin
Comme font les vagues pour les côtes
Accepte le présent aux rivages sains
Le renouveau perpétuel t’ouvre sa porte

Ô âme sur les coteaux brûlant coulent les bons vins
Pourtant dans les étés chauds on aime les ombres
Des cœurs mutins coulent des passions
Fleurissant en printemps des déserts de cendres

Âme habille toi de ton destin
Accepte la vie et ses désordres
Cherche en tes vouloirs les chemins
Tu peux monter comme descendre

Ton harmonie n’est pas dans l’incertain
Avant le futur il y a l’instant
A un bon pain il faut un bon levain
Même si se plaindre est humain

rivedusoleil
30/8/2016

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Ah ! si seulement avec une goutte de poésie ou d'amour nous pouvions apaiser la haine du monde !
Résidence sur la Terre (1935) Pablo Neruda

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