Devant la haie où s’enfièvre
Le printemps rose de joie,
Du velours plein de ta lèvre,
Donne-moi la pulpe en soie.
Tes flamboyantes prunelles
Qui dévorent le silence,
Brûlent comme de charnelles
Divinités d’opulence.
Embaumant l’espace tiède,
La brise telle une écharpe
Sur nos yeux qu’un songe obsède,
Egrène des sons de harpe.
Donne-moi ta bouche tendre
Pour y déposer le monde,
Pour que mon cœur sache entendre
Ce que l’aigle souffle à l’onde.
Offre-moi ton vin, ma muse,
Et tes aurores célestes.
L’ombre elle-même s’amuse.
Quels vertiges dans nos gestes !
Quelle chute caressante !
Quelle montée inconnue !
Carpe diem. Que chacun sente,
Folle, s’étoiler la nue.
Thierry Cabot (La Blessure des Mots)
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