Plume d'argent Inscrit le: 1/4/2009 De: |
Les Trois quarts du chemin Un peu essoufflé il venait de franchir le sommet de cette montagne. Prêt a redescendre le versant opposé, sa lassitude pour seule compagne . La main posée sur un rocher il se retourna pour se reposer un bref instant Et jeter un regard en arrière sur le chemin parcouru depuis si longtemps.
Il aperçut à l’orée du chemin un enfant taquin caché derrière un bouquet de fleurs Son père attendri le filmant  pendant que sa mère bienveillante préparait son 4 heures. Vision d'un paysage du nord, d'une silhouette féminine au visage souriant, mais ridé Devant le porche aux briques rouges qui, bientôt, de noir et d’argent sera drapé.
Fini les vacances dans le grand jardin avec  pour horizon les montagnes de charbon. Plus haut sur  le chemin il observa l’adolescent timide, succédant au petit garçon être un peu gauche et mélancolique s’interrogeant sur son avenir avec appréhension Cherchant un sens à la vie et se révoltant face à ce monde souffrant de déraison.
Aboli le temps de la petite enfance et de la recherche d’une illusoire perfection. Affaiblis les beaux principes et la confiance aveugle en cette humanité en perdition. Mais bientôt aguerri par les épreuves de la vie et déjà affranchi de quelques illusions. Tout en gardant pour un temps celles qui donnent encore l’envie d’une continuation.
Comme celle de cet adolescent devenu jeune adulte franchissant ce passage difficile parsemé d'embûches de toutes natures qu’il fallut surmonter sans céder au facile. Se confronter au monde réel, croire un peu en soi pour réussir a y être soi-disant utile Essayer de s’aimer un peu, de s’accepter pour être aimable, ne pas devenir hostile
A défaut d’ « explication » se chercher un but qui se résume a refaire ce qui a été fait Trouver un travail acceptable, une femme abordable, pour une vie si bien ordonnée Qui bientôt se révélera ennuyeuse, absurde et vide de sens pour une inutile destinée, Car pourquoi vivre, impuissant spectateur d’un monde ou règne toujours l'inhumanité.
Adossé à ce rocher, songeur, il n’avait pas remarqué cet homme un peu en contrebas Avançant d’un pas assuré sur le chemin devenu semble t’il plus facile, et sans aléas. Mais quelques pierres instables firent trébucher l’homme qui roula alors vers le bas . Par miracle ou hasard sa chute fut arrêtée par ces racines, seuls remparts au trépas.
Le choc fut rude élargissant des failles qui firent voler en éclats un équilibre illusoire, transformant cet homme, le rendant  plus conscient encore,  de l’existence son dérisoire Se résumant à vivre sans autre but que de procréer pour répéter sans fin l'histoire. Alors, rejetant les convenances hypocrites, les  apparences il laissa sans regret choir
Menant pour un temps la vie, jadis envisagé sans pour autant en prendre le chemin. Sans  penser qu'elle serait en harmonie avec l’essence de son être ou son destin mais nécessaire au franchissement d’une étape, prise de conscience que tout est vain. Car les besoins,  les désirs cèdent la place à l’ennui quand ils sont assouvis, enfin.
L’homme, lentement, reprit alors sa marche songeant au chemin restant a parcourir Chargé du poids de ses souvenirs, de ses désillusions qu’il ne voulait plus nourrir ralentissant sa marche , n’étant attendu par personne et n’ayant plus vraiment d’avenir Sauf celui de découvrir, peut être, le dernier jour, quel est l'utilité, de naître et de mourir.
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