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Expéditeur Conversation
GRANIER
Envoyé le :  21/3/2019 9:14
Plume d'argent
Inscrit le: 18/12/2018
De:
INCORPORATION
Parmi les herbes qui dans les champs frémissent,
Les taillis et les pins, les haies de tamaris,
Heureux, je goutais la douce joie de vivre,
Insouciant de l’école et de ses livres.

Lorsque vient l’automne, une à une les feuilles
Annoncent en tombant, le froid, que l’écureuil
Sur son arbre, redoute avec la misère,
Dont trop de pauvres Gens souffrent sur la terre.

Ainsi, quand le facteur dans ma boîte, eut jeté
Cette feuille jaunie, par des mains encrassées,
Je compris que bientôt il me faudrait partir,
Dans les sombres casernes, il me faudrait souffrir.

Hélas ! ce jour vint plus triste que les autres,
Songez mes enfants, il faut quitter les vôtres,
Mes Parents, mes Amis, ainsi que Fiancée,
Tous, larmes dans les yeux, il a fallut laisser.

Timide, inquiet, ma valise en fer à la main,
Aux portes de l’enfer, j’arrivais un matin.
Des bureaux, des papiers, j’en vis et j’en signais
Au long de la journée. Puis je fus habillé.

Je connu le briscard, je connu l’adjudant
Qui ne veut rien savoir, hormis le règlement.
Je bu du jus noir ou les cafards barbotent,
Patates et fayots, l’infâme popote.

Je connu les corvées, du matin jusqu’au soir,
L’eau gelée en hiver, le balai, le frottoir,
Le travail au bureau, machinal et lassant,
Ou le chef de section n’est pas toujours coulant.

Je connu la consigne enfermé en prison,
Pour avoir oublié de fermer un bouton.
Nous qui devons représenter cette France,
Pourquoi attiser la haine et la souffrance ?

Mais un jour merveilleux, un matin s’est levé,
Debout ! la quille est là, un ami a crié.
La joie illumina nos pales visages,
Les cris et hourras menèrent grand tapage

Dans ma tête alourdie, par ces nuits sans sommeil,
Tout d’un coup, brusquement est entré le soleil.
Je vis ma maison, mon lit de laine douce,
La mer et les forêts, les tapis de mousse.

Je pourrai de nouveau, jouir de ces joyaux,
Et voir les jours finir, sans craindre les nouveaux,
Profiter de la vie, libre de mes actions,
Sans avoir à frauder, pour fuir la punition.

Je pourrai à jamais serrer entre mes bras,
Mes Parents, mes Amis, tout ce monde ici-bas,
Rêver de liberté, projetant l’avenir,
Effaçant ce passé, qui un jour doit finir.


Michel GRANIER


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Bellosogno
Envoyé le :  21/3/2019 11:10
Plume de platine
Inscrit le: 12/8/2017
De:
Re: INCORPORATION
Joli!!!

Une tranche de vie bien racontée, bien posée sur la feuille, j'ai apprécié ma lecture, merci du partage.

J'ai connu ça moi aussi sauf qu'ils m'ont gardé un peu plus longtemps que prévu... ils m'aimaient bien...


Ça m'a fait super plaisir de lire ce poème, bons souvenirs dans le fond, pénibles aussi parfois mais bon... et pleins de connaissances là-bas, moi j'étais en Allemagne, débarqué un 1er avril.


Mais je me pose une question, c'était chez les Tenardier ou quoi cette carserne... aux portes de l'enfer, j'arrivais un matin... des cafàrds dans le jus... et j'en passe, houla la on sent le traumatisme ici... un peu rajouté peut-être, théâtral même et j'aime beaucoup ça !!!


Pascal


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Toutes les gares du monde sont sur le chemin de mes voyages

GRANIER
Envoyé le :  21/3/2019 12:07
Plume d'argent
Inscrit le: 18/12/2018
De:
Re: INCORPORATION
C'était en 57, dans le fameux camp de Carpiagne dénommé ( camp de la mort ). Un camp très dur ou les classes se faisaient en tremblant.De plus on m'avait dit, opte pour les EOR tu seras plus peinard. Une catastrophe. Enfin je m'en suis tiré, et suis content de partager avec vous ce souvenir. Amitiés. Excellente journée.


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Sybilla
Envoyé le :  21/3/2019 15:09
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
En ligne
Re: INCORPORATION


Bonjour Michel,

Des souvenirs magnifiquement décris et écrits en une très belle poésie !
Bravo !



Bonne journée !
Mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

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