Ramasse tes vers, me dit ma femme
Ils encombrent toute ta tête
Faut-il que je les époussette
En plus de leur donner gite?
Je suis verte de jalousie
Ils occupent toute tes pensées
Jamais je n’aurais cru me battre
Contre des mots d’esprit bien tournés
Je les vois dans notre couche
Te faire la cour effrontément
Comment puis-je me mesurer
À d’invisibles ennemies?
Ramasse tes vers, me dit ma femme
Où je les noierai dans la lessive
De leurs appels, vivement, tu accoures
Charmé de leurs belles rondeurs
Le curé m’a ri au nez
Ceci n’est pas une infidélité
Faites preuve de compassion
Votre mari est un bon chrétien
Que le diable emporte sess paroles!
Je ne suis plus que l’ombre de moi-même
Depuis que j’ai épousé un poète
Dont les mots, je l’avoue, me chavirais
Ramasse tes vers, me dit ma femme
Faut-il que je trépanasse pour les tordre?
Dans les décombres de tes vers
Ma tombe y est toute grande ouverte
De l’abstinence de vers
Je ne peux m’y résoudre!
Alors sur votre tombe
Je lirai des mots funèbres
*poésie fictive et humoristique*
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sylvianni