J’ai tenté, comme toi, de m’offrir ce sommeil
De monter dans ce train à l’aller sans retour
Me disant que, peut-être, tu viendrais sur le quai
Que je pourrais alors oser un demi-tour…
Dans le hall silencieux, une petite vieille
Embrassait trois enfants en serrant son billet

Il y avait aussi un jeune militaire
Un lieutenant, je crois, qu’on aidait à marcher
Et puis une famille en habits de vacances,
Un gamin sans cheveux que la mère caressait …
Au milieu de la foule, ne pouvant que me taire,
Je guettais, sans y croire, l’ombre de ta présence

Quand un coup de sifflet est venu rappeler
Qu’il fallait s’éloigner et ne pas se pencher
J’ai compris que les rails allaient bientôt grincer
Qu’il me fallait monter et ne plus te chercher…
J’ai laissé le soldat, le gamin et l’été
S’installer les premiers, pensant que tu viendrais

J’ai écouté mes mains que personne ne tenait
Et regardé passer ceux qui avaient des larmes
Pour les accompagner vers cet ailleurs sans nom
Puisque j’étais enfin un combattant sans armes…
Un absent détesté qui pourtant t’espérait
Avant de s’embarquer et de se dire non

J’ai laissé la fumée enivrer cet instant
Pour me cacher des peurs qui ne servent à rien
Ne pas être retenu sur ce chemin perdu,
Mais il était trop tard et je le savais bien…
Alors j’ai pris la place qui m’attendait devant
J’ai regardé encore, et tu n’es pas venue.

Eric