Il était seul, perché sur son nuage, heureux de vivre,
Sa pipe et ses rêveries, il n’en demandait pas plus au monde,
Parfois, l’envie de danser le prenait, ne durait qu’une seconde,
Il suivait le courant des vents et flottait, presque libre.
Il déambulait aussi, se mêlait au monde des hommes,
Il se méfiait des femmes, ne s’en approchait guère,
Fascinantes mais farouches, sauvages ou fières,
Il musardait loin d’elles, un solitaire en somme.
Elle voguait sur terre, douce rêveuse,
Se couchait sur le sable de nacre,
Filait en soirée dans son fiacre,
Suivait le chemin de sa vie, heureuse.
Ils se croisèrent un doux soir d’été,
En compagnie d’humains joyeux,
Ils se sourirent, les yeux dans les yeux,
Leurs cœurs enlacés, de nouveau battaient.
L’air était brûlant mais leurs regards chauds,
Ils s’enivrèrent bientôt de tant se connaître,
Le monde s’ouvrait, sans porte ni fenêtre,
Ils s’aimèrent follement longtemps, c’était beau.
Ils marchaient sur les ondes, volaient dans les airs,
Les oiseaux leur apprenaient à chanter,
Le ciel chassait les nuages et, pour eux, s’ouvrait,
Le soleil resplendissait, orbe éclatant de toute sa sphère.
L’éclat perdu d’une musique à présent les accompagnait,
Les bulles d’écumes s’élevant dans les cieux,
Le monde pour eux avait des gestes gracieux,
D’arabesques exquises, leurs empreintes se dessinaient.
Tout a une fin dans ce bas monde,
Mais leur souvenir perdure à jamais,
Nul ne les revit, mais on se plait à penser,
Que l’amour survit à la bête immonde
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L'homme est le rêve d'une ombre
(vers 135-140 des Pythiques de Pindare, le prince des poètes).