La fin de l’ultime spectacle
Sa vie, ce si long rêve, gravé en souvenirs
Dans sa mémoire, indélébile et frétillant
Qui lui rappelle sans cesse le passé d’avant,
Depuis l’enfance avec ses pleurs et ses rires,
Artiste- peintre, aujourd’hui oublié,
Modeste poète à la fine plume dorée,
Troubadour aux histoires si bien contées,
Musicien d’antan aux doigts empressés,
Sous l’injuste carence que lui impose la vie,
Dans sa contraignante solitude, aujourd’hui,
Seul, il pleure sans larmes, il gémit sans voix,
Personne ne l’entend, personne ne le voit,
Assailli par tous les inguérissables maux,
Sa peau desséchée à ses frêles os collée,
L’agressive vieillesse a courbé son dos
Et creusé son front en profondes tranchés,
Esseulé dans son misérable foyer
Aux vieux objets, si chers à son cœur,
Précieux souvenirs d’un glorieux passé
Lorsque ses jours Ă©taient joie et bonheur,
Un piano à queue au corps sans âme,
Une guitare fêlée et un violon veuf sans archet,
Des tableaux inachevés, des esquisses en rames
Et un chevalet en fidèle sentinelle à l’entrée,
Outils désuets qui meublent son profond vide
Et qui apportent à son cœur amour et soutien,
Bien loin des humains de ce monde avide,
Perpétuellement occupés à amasser des biens,
Et quand viendrait le jour oĂą il serait mort
Et que l’on l’allongerait sur la civière,
Pour en faire de lui un beau corps
Que l’on conduirait de sitôt au cimetière,
Où, seul, il y serait dans sa première nuit,
Dans la profondeur de son tombeau, sans vie,
La vie sur terre continuerait toutefois
Et l’on viendrait alors murmurer à basse voix,
Sans prière, ni pleurs, ni fleurs, ni cénacle,
Adieu poète, Adieu l’artiste, le rideau est tombé,
C’est la fin de l’ultime spectacle,
Ta voix s’est tue, ton encrier s’est asséché,
Toi qui nous avait tant donné !!!
Bahri-