Plume de satin Inscrit le: 3/3/2013 De: Envois: 44 |
La céleste mauresque La céleste mauresque
Quel grandiose spectacle, le désert du Maghreb Où les files de chameaux montés par les touaregs Les riches caravanes remontant d’Arabie, Les femmes dans leurs voiles poussant âne et brebis, Les hommes en turbans implorant le prophète, La céleste mauresque au bel hidjab bleu Qui dédie sa prière au Miséricordieux, Font des théâtres d’ombres sur la cime des crêtes.
Féeriques mirages, rutilant de rubis, Les couchers du soleil, les lumières de la nuit, La lune dans le ciel sur un tapis d’étoiles, Les guides assoupis reposant sous des toiles, Les arbres rabougris aux ombres éphémères, Le sable et les rochers du Sahara désert, La céleste mauresque au bel hidjab bleu Qui dédie sa prière au Miséricordieux.
Mythiques médinas, Djanet et Ghardaïa, Les marchands, les tapis, les souks et les casbahs, La blancheur des maisons, les clinquants, les parfums, Les foules animées au son des tambourins, L’appel du Muezzin à la prière du soir Chantant la litanie du rappel au devoir, La céleste mauresque au bel hidjab bleu Qui dédie sa prière au Miséricordieux.
Hiératiques visions, les fortins imprenables, Les douars perchés et les dunes de sable. Ces splendeurs immobiles, ensemble nous les vîmes ! Ces moments suspendus, ensemble nous les prîmes ! Ces lignes et ces couleurs, tous ces vastes décors, Qui chevillent ton âme, t’en souviens-tu encore, Ô céleste mauresque au bel hidjab bleu Qui dédie ta prière au Miséricordieux ?
Pour moi, ils sont présents et hantent mon esprit. Dans mes rêves nocturnes, s’entremêlent aussi Tes boucles acajou et ton hidjab bleu, Le timbre de ta voix et l’éclat de tes yeux ! Ô céleste mauresque au bel hidjab bleu Qui dédie ta prière au Miséricordieux !
Puisqu’il te faut renier tes souvenirs de moi, Et qu’il me faut souffrir toute ma vie sans toi, A l’instar du scorpion pris au piège des flammes, Je tuerai en mon sein la passion qui m’enflamme ! Seuls le feu et la mort, dans leur étreinte immense, Sauront enfin éteindre ma flamme et ma souffrance ! Sauf si dans un sursaut, tu venais me sauver, Et si par la tendresse dont toi seule est dotée, J’entendais à nouveau le timbre de ta voix, Et voyais scintiller tes yeux et leur éclat ! Ô céleste mauresque au bel hidjab bleu Qui dédie ta prière au Miséricordieux !
Mais ton âge, ton Islam, voilà qui nous sépare ! Aussi, dans ton désert aux tamaris épars, Je me retirerai dans un gîte exécrable Qu’enterreront le temps et les souffles de sable. Cet abri dans le sable recélera mon cœur ; Tu viendras y prier et déposer des fleurs Perlées des tendres larmes de ton grand désespoir Tiré de mon absence, tiré de notre histoire ! Ô céleste mauresque au bel hidjab bleu Qui dédie ta prière au Miséricordieux !
A ce pieux instant, pour la dernière fois, Au sein de cette tombe perdue dans le Hoggar, Luira dans mon linceul l’éclat de ton regard, Et sonnera pour moi le timbre de ta voix Avant que ne se s’élève mon âme vers les cieux Qui ne sont qu’un miroir du charme de tes yeux ! Ô céleste mauresque au bel hidjab bleu Qui dédie ta prière au Miséricordieux !
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