Dans le salon feutré
Les invités grignotent
Du bout des dents l'entrée
Chiche qu'ils crachotent

Sur le divan à fleurs
Quelques vieillardes caquètent
Mais leur regard fureteur
Surveillent les dindonettes

Qui trémoussent du satin
De la tresse, du chignon
Comme leur apprirent mâtins
Leurs pater maquignons

Tandis que les mater
Loin d'être dolorosa
Eventaillent leurs grands airs
Dont le temps abusa

Sur l'estrade branlante
L'orchestre désaccordé
Achève une déclinante
Mélodie empotée

Les braguettes tendues
Dans une dernière valse
Etouffent les mots perdus
Par des oreilles trop chastes

Et se jurent en sourdine
Qu'au prochain bal en huit
Cette sacrée Ursuline
Ne passera pas la nuit...

Voila que minuit sonne
On baise le bout des doigts
Dans le bas ventre résonne
La fin morne des combats

Chacun reprend la place
Qu'il n'a jamais quitté
Prés du boudoir une glace
Sourit sans méchanceté.