Dans le fond d'une mare, je croupissais en vain
La nuit était mon lot, je craignais les matins.
Triste, esseulée, sans passion, ni envie
Sans attente, ni action... dans l'ennui
Dans ces limbes, aux confins de tout âge
Surgit un bruit, une plainte, un adage
Qu'est-ce cet inconnu, troublant ce plat silence ?
Puérile vibration m'initiant à la transe
Une coquine note m'effleura le tympan
Puis, deux, trois, quatre, en firent tout autant
Les eaux s'écartèrent et devinrent limpides
Des lumières jaillirent, et moi, toujours placide
Dedans le tintamarre des flonflons d'une fête
Le rire des vivants, qui m'entrait dans la tête
Une main m'entraîna et la taille me prit
Je me vis soudain aux portes d'un paradis
Je volais en des cieux inconnus à mon âme
Je découvrais enfin le mot qui se dit : flamme
Je dansais, chantais, riais, je me plaisais
Et je plaisais aussi, Ã ceux qui m'entouraient
Il est bien loin, le temps de ma nuit dans la mare
Je remercie la main, qui m'a permise de voir
D'entendre, de sentir, de rire et d'exister
De renouer à jamais avec l'humanité
De lâcher ce carcan, qui me servait de corps
D'en faire mon ami, et d'accepter mon sort
D'être, mes plaisirs, mes désirs et mes doutes
O fêtes, faites-moi, tout au long de ma route
Partager la chaleur de vos douces folies
Pour que jamais de ce corps, ne s'éteigne l'envie
de l'amitié, du partage et des autres : le goût
O Fête souveraine, viens trinquer avec nous !
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