Plume d'or Inscrit le: 5/3/2008 De: Tunisie |
Après l'orage Après l’orage
L’aube se lave dans la rivière des cieux Et rayonne sur l’univers silencieux Comme une blanche couronne, Déesse, elle ouvre doucement son œil rêveur En essuyant les larmes du Seigneur Qui lui dit : « Maintenant, rayonne ! »
Telles des anges quittant leur terre natale Les fleurs mouillées ouvrent leurs pétales Par la rosée encore couverts ; Des bois la brise remue la chevelure, Les oiseaux chantent sur les ramures Des arbres rayonnants et verts ;
Le monde songeur lentement se réveille, Comme un enfant, de sa torpeur vermeille, Bercé par les doux aquilons, Les plaines par le vent sont remuées, Le matin monte sur l’aile des nuées Comme le sourire sur le front !
Toute la nature, que voilent les rayons, Resplendit, et l’on voit dans les sillons Le soleil semer ses perles ; Les yeux regardent ce que le cœur voit, L’on entend de la terre sortit une voix, Comme d’une bouche qui parle !
Ă”, splendeur ! Le jour radieux caresse De la mer qui dort la vaste paresse Et les ondes embrassent les flots Et aux maux des mortels compatissent En accueillant les nefs oĂą retentissent Les chants joyeux des matelots !
L’oiseau dit à la fleur quand il chante : « Et ma voix et ton parfum enchantent Les hommes sombres au cœur obscur ; Ouvre tes pétales comme moi mes ailes, Ton parfum si doux et ma voix si belle Monteront tous deux dans l’azur ! »
Le soleil dit à la terre quand il brille : « Je suis ton père et tu es ma fille, Sur ta joue je viens t’embrasser ; Aujourd’hui, je veux que tu sois radieuse Et que tu ouvre ta bouche lumineuse Quand je viendrai te caresser ! »
Et Dieu dit à la fleur et au soleil Quand ils se réveillent de leur sombre sommeil : « Et dans le ciel et sur la terre, Je rayonne, et j’ai créé la beauté Pour bercer la poète épouvanté, Chantre de l’éternel mystère,
Et pour que l’homme, amoureux de la femme, Aille, l’œil radieux et plein de flamme, Bénissant l’immense univers ; Partout, comme dans un miroir limpide, Voyant mon visage pur et sans rides Dans le ciel bleu et les prés verts ! »
Sous le ciel lumineux dont l’œil reluit Tout séduit, tout fascine et tout éblouit, Tout est plein de vastes murmures ; Ô, mystique hyménée, amour béni ! Le même chant tendrement unit Le créateur aux créatures !
C’est ainsi que dans nos cœurs, frêles ouvrages, Le soleil apparaît après l’orage Et l’espoir rallume son flambeau Dont la flamme est vivante et divine ; Que le temps, ennemi qui nous chagrine, Et du cercueil fait un tombeau,
Nous sourit, et que nos yeux mouillées, Sous un faix de pleurs ne sont plus ployés, Mais ouvrent, pleins de lumières, Comme l’ange ses ailes et l’enfant ses bras, Comme la fleur ses pétales qu’elle fermera Leurs ténébreuses paupières !
|