Plume de soie Inscrit le: 12/5/2008 De: Paris |
Un coin du 9.3 dans les années 60 Un coin du 9.3 dans les années 60
Qu’est-ce que tu crois ? Qu’avant toi il n’y avait rien ? Aujourd’hui dans l’9.3, tu t’l’as racontes de trop Le javanais en verlan, tu le parles bien ? Alors, zavivava vala saveclave, oh !
Dans les années 60, pas de violence pour exister ! Mes potes, c’est Baziz, Eric, Smaïn, Nicole, Hocine, Charles, Karim, Pascal, Mamadou, Enrique, Méziane, Serge, Saléha, tu vois un peu le bol !
Notre cité s’appelle Saint-Just, qui ça ? Trois bâtiments qui se suivent à la queue leleu « Devant », c’est le parking, deudeuche, DS, Simca, « derrière », c’est balançoires et espace pour footeux !
On joue « derrière », entre immeuble et mur de jardins Quand le ballon s’envole par-dessus, ailleurs Il faut bien aller le chercher chez les voisins Courte-échelle, saut et retour ; au moins mille heures !
Le Tour de France fait étape dans l’bac à sable Les billes roulent sur les routes jaunes du Mont Vantoux Les Dinky et les Norev suivent impeccables Maillot jaune et peloton la jouent roue dans roue
Blanc-Mesnil accueille la coupe du monde de football ! Les grands favoris, bien sûr, c’est nous, les « Saint-Just » Ceux des Tilleuls auraient dû rester dans leur hall On a gagné vingt quatre à vingt et un, juste !
Au match retour, on traverse tout Blanc-Mesnil On arrive crevés aux Tilleuls, l’ennemi, c’est eux… On s’est pris une grosse raclée, Chef-d’œuvre en péril ! On s’en fout, on était des potes respectueux
Les futurs pros jouent au club des « cur’tons », l’Etoile ou au CSBM, le club rouge des Cocos un dimanche, les clochent sonnent à tendre les voiles le suivant, c’est l’International qui a bon dos…
Dans notre cité, faut écouter l’aîné Malheur à celui qui traîne après sept heures Grand frère l’attend devant la cage d’escalier Pour filer une volée aux merdeux… déshonneur ! Ados, on aime les mobs, surtout les Peugeot Tu crames le pot, tu dépassais l’mur du son Ça sent la démerde, quand t’as pas le gauche, tu prends l’droit On fonce sur nos bleus 103, la tête dans l’menton
Même pauvres, on a plein de télés… récupérées Elles ne fonctionnent pas, mais ça, on s’en fout C’est pour, à coups de marteaux, les exploser Ça fout les j’tons, dans les caves, on s’éclatait !
La télé d’alors est comme nous, noir et blanc, Avec des nuances que personne ne perçoit Cathos, muslims ou feujs, on s’casse pas les dents Au nom de grandes causes, d’un drapeau, de relais…
On n’avait pas grand’chose, mais on ne manquait de rien Nos parents étaient fonctionnaires, ouvriers C’était peut-être notre chance, si on regarde bien, D’ignorer ce chômage qui fait tant dévier…
A la télé, le plus violent c’était Zorro Côté hémoglobine, depuis, on a fait mieux il me prêtait son masque et je filais sur Tornado Aujourd’hui, trop de monstres immondes à jeter au feu
Ce n’était pas le paradis, mais pas l’enfer Aujourd’hui, tout devient grave et tombe à l’eau Faudrait quand même pas qu’on vienne à manquer d’air Ça serait vraiment trop, faire plaisir aux fachos !
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