Je suis l’allumeuse de réverbères
La douce éclaireuse de vos nuits
Illumine tentes de beaux berbères
Jusqu’aux confins des Inuits
Je porte flambeau de mes mots ivres
Vacille en torche vive de maux
Je fonds chandelle ou cristal de givre
Et vous apporte soleils nouveaux
Je suis la porteuse de pain
Nourrissant vos âmes affamées
Mes miches blondes aux mille grains
Cornes d’abondances si parfumées
Dégustez-moi coupez mes tranches
Il faudra reverdir froments
Tartinez-moi humez mes hanches
Ma pâte a gonflé doucement
Je suis la marchande de fleurs
J’apporte couleurs senteurs nervures
Afin d’enrayer vos peurs
Cueillez mes brassées faites-en confitures
Gelées de roses branches de lilas
Nous aurons des lits jonchés de pétales
A mon pistil vos mains sont là
Effeuillez sans crainte ma peau d’opale
Je suis la fileuse de laine
Mes blancs moutons déjà frissonnent
Tissus velours et cent mitaines
Caresseront vos corps atones
Réchaufferont vos nuits d’hiver
Pour en faire printemps radieux
Réveillez-en moi la Belle au bois d’hier
Piquons-nous ensemble soyons heureux.

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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."

Racine, "Phèdre"...