TRIPOLI





Étendus sur le sable deux soldats vert-de-gris
Regardaient vers le ciel d’un œil de méduse
Et cette moue boudeuse un peu comme une excuse
De crever comme des chiens non loin de Tripoli



Ils étaient arrivés sur la grève un matin
Leurs écharpes flottant comme des étendards
Une longue colonne entourée de motards
Croisés « gamés » ultimes d’un Reich qui s’éteint



On devinait à peine sous les pommettes creuses
Les coups des libyens ivres et d’alcool et de rage
Une bave fétide coulait sur les vareuses
La mort revêt parfois bien d’étranges visages



Un mince filet rouge striait le sable humide
Qui doucement rigole quand la mer se retire
Une lame argentée comme un bijou sordide
Jette un dernier reflet bleu dans l’aube qui s’étire



Les algues vertes et brunes leur faisaient un linceul
La mer baignait à peine leur figure de cire
Et ce sourire d’horreur la nuit à mourir seuls
Sans larmes et sans cris… Juste un dernier soupir

Belle lecture méditerranéenne

Troublante image d'un Tripoli sous la sanglante loi de la croix gammée.
HONORE