Il fallait bien...
Il fallait bien qu'un jour le bonheur disparaisse.
Tout ce qui vient s'en va; tout ce qui naît meurt.
Je le savais déjà , mais pris dans ma paresse
Je restais insoucieux au fond de ma demeure.
L'épouse bienaimée, ne m'aimant plus, partit.
Elle prit, en partant, les enfants que nous fîmes,
Arrachant à mon cœur sa meilleure partie.
Il ne lui resta plus qu'un battement infime.
Renié par son départ je restais solitaire.
Ne sachant où aller, ni que faire de moi,
J'aspirais à la mort, j'aspirais à la terre,
Pour offrir à mon cœur comme un ultime émoi.
Je restais assommé durant quatre saisons,
Pleurant à chaque instant le bonheur envolé,
Ressassant, tout le jour, les mots d'une oraison
Et criant au destin: « c'est toi qui m'a volé! »
Puis, petit à petit, la raison me revint;
Je sortis plus souvent et pris moins de cachets.
Le soleil et le vent, comme un souffle divin,
Attisèrent, en mon cœur, ce qui restait caché.
Mais la joie ne vint pas; juste la survivance:
Pouvoir continuer à poser les deux pieds
L'un devant l'autre. C'est ainsi que l'on avance
En cherchant le pardon de péchés inexpiés.
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la paix, la paix, la paix c'est tout ce qu'il me faut.