Arbre, déjà tout jeune,
Il a fallu te battre,
RĂ©sister au foehn,
À ce temps qui se hâte,
Pour te laisser guider,
Par le sort du destin,
Et pour ne plus penser
Qu’au combat de demain.
Vaincre pour exister
LĂ , au milieu des tiens,
Rien que ta volonté,
Pour Ă©viter la faim.
Pénétrer dans la boue,
Pour soutenir le poids
De tes branches et de tout
Ce qui réside en toi.
Vaincre pour rechercher
La lumière du jour,
Te laisser espérer
Le calme tout autour.
Sauvageon des forĂŞts,
Tu ne vise que le haut
De la sombre futaie,
Tu aspire mes mots.
Pas le droit à l’échec,
Toujours lutter sans fin,
Un corps Ă corps en quĂŞte
D’une liberté, en vain.
Et dans l’obscurité
D’une nuit bien trop fade,
Je t’écoute pleurer
Et appeler les dryades.
Aujourd’hui tu es roi,
Tu domine tes sujets,
Bien au dessus des lois,
Devant toi on se tait.
On admire ton combat,
Toutes ces années passées
À rechercher l’éclat,
Pour te sentir entier.
Pourtant tu ne vois pas
Que lĂ , sous ton feuillage,
Un drame se prépare,
Ils ne voient pas ton âge.
Tu finiras en tranches,
Débité, découpé,
Isolé de tes branches,
Le rêve s’en est allé.
La nature crie ton nom
Pour que personne n’oublie,
La complainte d’une chanson,
Du combat de ta vie.
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Ce n'est pas parceque les choses sont difficiles que nous n'osons pas, mais parceque nous n'osons pas qu'elles sont difficiles.