Je suis la nuit: fuit cet affreux mirage,
Qui en ton cœur amène les ravages!
Renonce donc à ses fantasques desseins,
Elle, si loin comme un spectre malsain! Ma douleur latente n'est autre que je t'aime,
Un esprit touché par ta démarche bohème.
L'amour est la boite de pandore, sournois
En mes veines, la peur d'aimer sur ton minois.
Je suis la nuit: espérer est un vice,
Aimer est un perfide sacrifice!
Ses rêves t'aveuglent dans un amour
Qui jamais ne verra l'éclat du jour! Hypérion de ma nuit qui sublime ta rose,
Ma riche étoile si loin...pourtant en osmose!
Je m'avance sur de tumultueux remparts
Brandissant un espoir futur, chagrin épars!
Je suis la nuit: nulle est la poésie,
Vouloir vivre ton rêve est hérésie!
Un de plus, un de moins: tu es perdu:
Houspiller son désir n'est pas ardu! Du millier surgit cette foudre enchanteresse
Qui, au grand zénith m'emporte dans ton ivresse...
Toi si loin...scrutant l'horizon de l'infini,
Une larme voltigeant jusqu'Ã Gemini!
Je suis la nuit: frivole est ta bataille!
Sens sous tes jambes cette immense faille
Qui dérobe tes yeux du droit chemin!
Tu es las: la vie fuit de tes mains. Dieux! Désir immortel de chérir! Innocence
A l'espoir brisé, crépuscule des romances!
Le solitaire divague dans son sommeil
Embrassant des rêves brûlés au noir soleil,
Je suis la nuit: ne scande pas l'oracle
Qui te dresse ce millier d'obstacles!
Je suis toi sous la noirceur de l'écrin
Échappe-toi d'un vain amour d'airain! Alors le fantasme touche une folle envie:
Embrasser un monde, naviguer sur la vie.
Mais que brûlent mes terreurs: Sinistre peur
Qui aveugle mes yeux, de ta rare splendeur!