Prés de l’hôtel de luxe, les ouvriers s’activent.
Les ordres sont précis et le temps est compté.
Pour gagner en prestige, le confort se cultive,
L’étoile supplémentaire doit être méritée.
Et les marteaux-piqueurs propulsent leurs pistons,
Et leurs burins burinent, les pelleteuses creusent,
Alors qu’un peu plus loin, sous le soleil de plomb,
Au bord de la piscine se bronzent des baigneuses.
A l’heure de la pause, les ouvriers s’arrêtent,
S’installent sur l’herbe sèche, décapsulent des bières,
Pendant qu’à l’intérieur, dans leurs plus belles toilettes,
C’est au meilleur champagne qu’elles se désaltèrent.
Avant que de goûter aux produits du terroir,
Du homard sauvage à l’épaule confite,
Pendant que dans leur coin, presque sur le trottoir,
Ils mangent goulûment leurs sandwiches kebab-frites.
Et les marteaux-piqueurs démolissent la route,
Au chant des décibels, alors qu’un peu plus loin,
En prenant leurs cafés, des vacanciers écoutent
Le pianiste du bar leur jouer du Chopin.
Je sais bien qu’on ne peut pas être tous égaux.
Mais tant de différences ont un goût d’injustice.
Si certains ont peiné pour s’élever très haut,
Combien d’entre eux sont dignes de tous leurs artifices ?
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Calou