je n'avais pas vu
ta main tendue vers moi...
trop tard
dans ma nuit noire
je n'avais vu que du feu...
les flammes de l'enfer
sans doute
me grignotaient les yeux...
je n'avais pas entendu
non plus
ta voix si chaleureuse...
devenu sourd
peut-être
à force de crier
mon désespoir...
je n'avais pas senti
ta présence auprès de moi
ni les parfums de ton coeur
qui bat pour moi...
trop de combats
j'avais dû baisser les bras trop vite
j'avais perdu la force d'attendre encore
la naissance de l'aube
la lumière du matin...
c'est ton sourire
qui m'a sauvé d'abord
in extremis
des tourbillons de souffrances
qui me faisaient tourner
comme une girouette rouillée...
et puis tes mots
tellement beaux
tellement intenses
m'ont tiré complètement
du marécage de mes douleurs...
tu m'as parlé
bien doucement
de l'odeur des saisons
des couleurs de la danse
des bonheurs cueillis dans les jardins de fleurs
des rêves qui s'envolent dans un coin de ciel bleu
des caresses du vent
du murmure des oiseaux au fond des bois
des brumes et des brouillards à la saison d'automne
du pain partagé
et du vin de la fête
de l'enfance au fond de nous
gravée pour toujours...
et tu m'as parlé aussi d'amour
de celui qu'on reçoit
et de celui qu'on donne
comme une offrande...
gérard
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"Aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d'écrire un poème"
Extrait de "L'Artiste" de Charles Beaudelaire