FĂ©erie
Griserie de l’hiver
En ce matin givré
La campagne est marquée
D’un irréel mystère
Crissement sur la glace
Au seul bruit de mes pas
Les sillons roides vers l’horizon se tracent
S’affaissant de place en place
L’air léger m’appartient
Un étrange silence m’étreint
Voici que j’imagine subtilement au loin
Un vent geignant jouant un air de clavecin
Accords frileux fantomatiques
Portant le souvenir de quelque drame antique
Ballet muet sur l’eau dormeuse
Du chenal morne et immobile
Les volutes lascives d’une brume fragile
Y déroulent leurs formes capricieuses
Le paysage entier s’étend à l’infini
Dissipé estompé un pastel esquissé
Sous le dôme imprécis du ciel gris
Je vois des troncs tordus agglutinés
Comme bras maigres aux muscles émaciés
Chablis gisant épars et oubliés
Lorsque j’entends claquer intermittents
Des coups de feu assourdis inquiétants
De chasseurs aux tourbières rampants
Sur les chemins délaissés
Je vais extasiée
Tout est transfiguré
Le paysage est transcendé
La vie paraît être une éternité
Et grisant univers des tous premiers frimas
En silence l’hiver s’est glissé sous mes pas
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