Plume d'or Inscrit le: 5/3/2008 De: Tunisie |
Conte: le festin céleste (Inspiré des Frères Grimm)
Conte: le paysan dans le ciel Conte: les ducats tombés du ciel Conte: le renard et le chat Conte: les trois héritiers chanceux Conte: faute d'un clou
Le festin céleste
Un petit paysan très pauvre, au cœur plein de foi, Entendit à l’église le prêtre dire une fois Qu’il fallait marcher droit pour trouver la route Du Paradis. N’ayant point le moindre doute Sur la sincérité de cet homme qui l’éblouit, Il partit en voyage, allant droit devant lui Par monts et vaux, cherchant avec innocence Le Royaume de Dieu aux éternelles jouissances. Il ne se détournait point, depuis le matin Marchant sans s’arrêter, rêveur et presque hautain, Cherchant un phare dans l’immensité sombre. Mais ce n’est qu’un gamin ; quand la nuit emplit d’ombre Le ciel, il était las et était affamé, Ses pieds très rouges et son cœur moins enflammé.
Il arriva enfin à une petite ville Qui était fort belle, bucolique et tranquille, Et vit une radieuse église célébrant Le service divin. L’enfant itinérant En était tellement ébloui qu’il crut être Au Paradis. A la fin de l’office, un prêtre Lui dit durement de s’en aller. Mais obstiné Il répondit à ce sacristain étonné : « Non, je ne sors pas ! Je suis au ciel et j’y reste ! » Et ce dernier alla en alerter, preste, Le curé, qui était un homme bon et doux. « S’il se croit au ciel, il faut l’y laisser ! Mais d’où Lui vient cette idée pieuse et étrange ? A-t-il vu un apôtre, a-t-il vu un ange ? » Dit-il, et alla voir l’enfant émerveillé A qui il demanda s’il voulait travailler. Le petit dont la vie était déjà fort rude Répondit que oui, qu’il en avait l’habitude, Mais qu’il ne voulait pas sortir du Paradis. Ému par son souhait, le curé l’entendit Et il décida de le laisser dans l’église. Il y vit maints fidèles, aux têtes blondes et grises, Adorer à genoux une statue en bois De l’enfant Jésus, et crut ce qu’un enfant croit : Que c’était le bon Dieu. Il dit à cette image : « Que tu es maigre, ô, Dieu ! C’est bien dommage Que ces gens-là ne te donnent pas à manger Alors qu’ils passent leur temps à te louanger ; Je partagerai mon pain avec toi. Je t’en donne, Tiens Dieu, mange. » Une voix qui semblait douce et bonne Lui dit : « Donne aux pauvres gens que la faim maigrit, Quand tu les nourriras, moi je serai nourri. » Devant l’église, une pauvre vieille mendiante A tous ceux qui passaient montrant sa main tremblante, Demandait l’aumône au nom de tous les saints. Le petit lui donna la moitié de son pain Et en regardant la statue la vit sourire. Pendant un mois, chaque jour, les moines le virent Cacher dans ses poches un peu de son repas. Il demeurait muet et ne répondait pas Quand ils lui demandaient ce qu’il allait en faire. Et leurs questions futiles semblaient lui déplaire.
Quelque temps après le petit enfant pâlit, Et pendant huit jours ne sortit pas de son lit. Dès qu’il put se lever, bien qu’il fût malade, Aux pieds de la statue éploré et maussade, Il vint s’agenouiller et il pria ainsi : « Mon Dieu, excuse-moi d’être resté ici Et de ne pas t’avoir nourri. J’avais la fièvre Et je pouvais à peine remuer mes lèvres Pour te demander ton pardon. » Le doux curé, Qui entendit l’enfant prier, allait pleurer, Mais il le vit sourire et finir sa prière. Quand il lui demanda pourquoi, il dit : « Mon père, L’enfant Jésus m’a dit, le cœur plein de bonté : Ne pleure pas, j’ai vu ta noble volonté Et cela me suffit. Nous irons ensemble Au festin céleste où Dieu lui-même rassemble Les âmes les plus pures. Pour tes généreux pains, Je t’emmènerai avec moi dimanche prochain. »
Le prêtre pensa que Dieu lui donna l’ordre De communier l’enfant, et sans plus attendre Il le prépara à ce grand évènement. L’enfant vint au divin service, souriant doucement ; Mais au moment de la communion, quand le prêtre Allait donner l’hostie à ce petit être, Dieu le rappela à lui – c’était son destin – Et il le fit asseoir au céleste festin.
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---------------- •Mon blog de Poésie: http://soupirs-muse.blogspot.com/ •Mon recueil de poèmes en vers: "Les harmonies et les jours": http://www.edilivre.com/les-harmonies-et-les-jours.html •Anciennement connu sous le nom de "Bennhy"
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