Le poète, perdu dans ses rêves autistes,
Colorise les heures de rose et d’indigo,
Penché au bord du lac, il est comme Narcisse,
Qui jamais ne se lasse de mirer son égo.
Si l’on pouvait entrer au fond de son cerveau,
Qui, peut-être, ressemble à celui de Rain man,
On y verrait sans doute, déroulé, l’écheveau,
Et l’on contemplerait les replis de son âme.
Les sons et les couleurs, volontiers, s’y confondent,
Il recherche à tout prix l’harmonie et la rime,
Et dans ses vers on sent parfois passer une onde,
On le sait obsédé par les choses infimes.
Sourd et aveugle au monde, il garde la cadence,
Des quatrains, des tercets, il dénombre les pieds,
Il est déconnecté, souvent il est en transe,
Lorsque son monde étrange surgit sur le papier.
Il ne doute un instant qu’il peut refaire le monde,
Que, dans un jour prochain, les hommes seront frères,
Dénonçant l’injustice, il fulmine et il gronde,
Espérant pour demain la fin des va-t-en guerre.
Et la Dame, à ses yeux, parée de tous les charmes,
Vu qu’il a le cœur gros, elle le trouvera beau,
Elle l’aimera enfin, il sèchera ses larmes,
Ils sortiront vivants, un jour, de leur tombeau.
Dumnac