Plume de platine Inscrit le: 24/1/2015 De: |
VINGT ANS DE TROP ENTRE NOUS Vingt ans de trop entre nous, c’est vingt longues lieues Séparant nos deux rives : la vôtre trépidante, La mienne aux rangées de bancs où s’assoient les vieux, Entre elles, ce temps inexorable qui tourmente.
Vingt ans de trop ! c’est déjà vingt printemps passés. Chez moi, c’est vingt parterres de roses en haillons, Par le souffle de chaque saison, maltraités. Grimant un Etre triste : encombrant compagnon Aux idées grisonnantes de moins en moins rebelles, La peau bronzée à l’épiderme ramollissant, Certes, encore frémissante de désir sensuel, A l’envie de caresses, mais pour combien de temps ?
Faut-il pour jouir de votre intime trésor, De votre lisse jeunesse sans les cicatrices Des années, et sans leurs sillons sur votre corps, Gommer mon âge, mes rides, vous prendre en sacrifice ? Pensez à ma carcasse fripée de vieillard Dans vingt ans, allongée sur votre nudité Encore exquise ! c’est une image cauchemar Que mon automne fuyant souhaite vous épargner.
Vingt ans de trop ! c’est beaucoup pour parler d’amour A votre cœur et pour frôler votre jupon. Ma morne dégaine sera un fardeau trop lourd Pour votre trentaine. Sans façon tournez talons ! Sans regret ma jeune Aimée sortez de mes jours ! Voyez ! Même mes mots sont usés comme de vieux sermons.
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