Plume de platine ![](https://www.oasisdesartistes.org/uploads/rank3dbf8eb1a72e7.gif) ![](https://www.oasisdesartistes.org/uploads/cavt5ff067c8d06a6.jpg) Inscrit le: 8/4/2020 De: Envois: 2350 |
Re: La plume ne paye plus.(Humour.) Bonjour José Juste pour les lecteurs, cette définition. Personnellement j'aime l'écriture libre, Amitié
Théodore de Banville, Petit traité sur le Sonnet
Le Sonnet est toujours composé de deux quatrains et de deux tercets.
Dans le Sonnet régulier - riment ensemble :
1° le premier, le quatrième vers du premier quatrain ; le premier et le quatrième vers du second quatrain ; 2° le second, le troisième vers du premier quatrain ; le second et le troisième vers du second quatrain ; 3° le premier et le second vers du premier tercet ; 4° le troisième vers du premier tercet et le second vers du second tercet ; 5° le premier et le troisième vers du second tercet.
Si l'on introduit dans cet arrangement une modification quelconque, Si l'on écrit les deux quatrains sur des rimes différentes, Si l'on commence par les deux tercets, pour finir par les deux quatrains, Si l'on croise les rimes des quatrains Si l'on fait rimer le troisième vers du premier tercet avec le troisième vers du deuxième tercet - ou encore le premier vers du premier tercet avec le premier vers du du deuxième tercet, Si enfin on s'écarte, pour si peu que ce soit, du type classique,
Le Sonnet est irrégulier.
(...)
Le dernier vers du Sonnet doit contenir un trait - exquis, ou surprenant, ou excitant l'admiration par sa justesse et par sa force. Lamartine disait qu'il doit suffire de lire le dernier vers d'un Sonnet ; car, ajoutait-il, un Sonnet n'existe pas si la pensée n'en est pas violemment et ingénieusement résumée dans le dernier vers. Le poète des Harmonies partait d'une prémisse très juste, mais il en tirait une conclusion absolument fausse.
OUI, le dernier vers du Sonnet doit contenir la pensée du Sonnet tout entière. - NON, il n'est pas vrai qu'à cause de cela il soit superflu de lire les treize premiers vers du Sonnet. Car dans toute oeuvre d'art, ce qui intéresse, c'est l'adresse de l'ouvrier, et il est on ne peut plus intéressant de voir :
Comment il a développé d'abord la pensée qu'il devait résumer ensuite,
Et comment il a amené ce trait extraordinaire du quatorzième vers - qui cesserait d'être extraordinaire s'il avait poussé comme un champignon.
Enfin, un Sonnet doit ressembler à une comédie bien faite, en ceci que chaque mot des quatrains doit faire deviner - dans une certaine mesure - le trait final, et que cependant ce trait final doit surprendre le lecteur - non par la pensée qu'il exprime et que le lecteur a devinée -, mais par la beauté, la hardiesse et le bonheur de l'expression. C'est ainsi qu'au théâtre un beau dénouement emporte le succès, non parce que le spectateur ne l'a pas prévu - il faut qu'il l'ait prévu -, mais parce que le poète a revêtu ce dénouement d'une forme plus étrange et plus saisissante que ce qu'on pouvait imaginer d'avance.
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Ronsard, Amours de Marie, 1556.
Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose, En sa belle jeunesse, en sa première fleur, Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, Quand l'aube, de ses pleurs, au point du jour l'arrose;
La Grâce dans sa feuille, et l'amour se repose, Embaumant les jardins et les arbres d'odeur; Mais, battue ou de pluie ou d'excessive ardeur, Languissante, elle meurt, feuille à feuille déclose;
Ainsi, en ta première et jeune nouveauté, Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté, La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs, Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs, Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.
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