Oh p'tit frère, mais quel plaisir, quel délice, quelles abysses en ta plume juvénile et millénaire qui a rencontré la mienne envers et contre tous les espaces-temps...

Tu sais, il n'y a PAS de hasard: je te lis au retour de ma première VRAiE soirée de "liberté" et d'autonomie depuis mon déménagement...

Je nage encore toute rose dans une bulle de jazz, un nouveau pub vient d'ouvrir dans mon désert gascon, un vrai open space superbement décoré, tenu par d'adorables gays, et le premier concert de ce pub était tout bonnement fantastique, c'était "une rencontre" de musiciens d'excellente qualité, qui ont improvisé sur des standards et n'avaient jamais joué ensemble, des "pointures"...

Tu ne sais pas le COURAGE qu'il m'a fallu pour mettre mes habits de lumière-lol-, laisser fiston pour sa première soirée seul-bon, il était ravi, plateau gulli-, et arborer fièrement-euh, timidement- ma nouvelle crinière rousse au milieu de ce monde de la nuit-bon, ne rêvons pas, je n'ai pas croisé David Ghetta!!!!-, enfin, du soir...

Le courage de vivre, quoi, à nouveau, au rythme des accords d'un jazz subtil, desverres glauques tenus par ces brassées d'inconnus, et quand même de quelques sourires, puisque je suis tombée sur mon ami le bijoutier jazzman et ses enfants, sur le frère de mon ami du kébab, jazzman aussi...

J'ai tout à réapprendre.

Et au retour, te voilà, étendard de ma liberté recouvrée, me chantant avec tes si jolis mots que j'ose à peine mériter...

C'était la mer alliée au soleil, tes mots dans ma vie, ma vie dans tes mots, et je te sais plus que jamais mon p'tit frère de bohème et le mousse de mon bateau îvre, et te murmure mille mercis émus et frissonnés.

Quand je viendrai à Paris tu me le montreras, le pont Mirabeau, et nous y jeterons une vraie rose à la mémoire de Paul Celan et de sa "rose de personne", tu veux bien? Après le Flore, avant les quais, et Montmartre en ce temps là aura des airs de fête...

Ich liebe Dich auch, kleiner Prinz!

Et je t'offre Saint-john Perse, à lire en urgence absolue:

"Il n'est d'action plus grande, ni hautaine, qu'au vaisseau de l'amour."

(Amers)

Scarlett, Ophélie for ever.
*******

PS, samedi matin, à la lecture des 2 premiers comms:

Attention tous, oyez oyez, The End et Scarlett ont trente ans d'écart et je ne m'appelle pas M.Duras ni lui Yann Andrea!!

Bon, d'accord, je rêverais de Diable au corps et d'Education sentimentale, mais il faut savoir raison garder, et surtout:
NOUS DEUX, c'est AILLEURS, ce sont les "affinités électives " de Goethe, parce que c'était lui, parce que c'était moi, pas question d'eaux troubles, je ne suis pas un vieux moustachu qui prend l'avion pour la Thaïlande, et même si en ce moment mon premier geste au réveil est de regarder mes textos-::)))-, OASIS a surtout ouvert la voie à une RENCONTRE d'âmes!!!!!!!

Et ensuite? Blowing in the wind...

----------------
"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."

Racine, "Phèdre"...