Ils avaient bien tenté tous de la raisonner
Mais la lèvre obstinée et le front entêté
Elle a dit qu’elle avait bien l’âge
De danser au bal du village
Elle attendait ce jour de la fin de l’été
Avec depuis longtemps un soupçon d’anxiété
Aurait-il sa belle chemise
Et sa fine veste en soie grise ?
Car durant tout l’été elle avait remarqué
Cet homme pas banal, réservé, distingué
Promenant avec élégance,
Chez ses enfants pour les vacances.
Il l’admirait aussi un peu intimidé
-Cette fois, s’est–elle dit, à moi de me lancer !
Elle a donc traversé la place
En frémissant de son audace.
Devant lui un instant un reste de pudeur
A retenu ses mots et fait battre son cœur
-Mais pour donc qui va-t-il me prendre !
Et pourtant à quoi sert d’attendre ?
-Cher monsieur, comment dire, un moment, s’il vous plait,
Disons que, j’aimerais, bien que vous, m’invitiez,
A danser, ne vous en déplaise !
Le monsieur lui a sourit d’aise.
-Je n’osais, voyez vous, à vous le proposer
Et j’admire le fait que vous ayez osé
Venir ainsi quel caractère !
Et ce n’est pas pour me déplaire.
Et l’orchestre de rock en voyant leur émoi
Et leurs jambes tremblantes malgré leur canne en bois
S’est mis à jouer doucement
Une lente valse d’antan.
A la fin de la valse ils ont du se quitter
Leurs enfants sont venus au bercail ramener
Leurs vieilles jambes flageolantes
Avec des airs de rossinantes.
Il lui a fait en partant un léger baisemain
Lui a dit tendrement, canotier Ă la main
-Je garderai toujours de vous
L’image de vos yeux si doux.
Le lendemain au pont elle l’a vu lancer
De l’auto des enfants un billet de papier
A couru cueillir sur la route
« A d’autres vacances, sans doute ».
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Cultivez votre amour de la nature, car c'est la seule façon de mieux comprendre l'art! (Vincent Van Gogh)