SUICIDE


La mignonne avait mis ses plus jolis atours,
Pour se jeter du haut d’une des grandes tours
Qui peuplent l’univers de Mantes la Jolie,
Cette ville dortoir où l’on sombre en folie !


Là, les murs gris et froids, remplacent la chaleur
Et couvrent les cités d’une étrange pâleur.
Qu’importe son prénom, Anne, Claude ou Corinne,
Sa jeunesse brillait comme une aigue-marine !


Peut-être qu’un sourire aurait pu, ce matin,
Eviter le malheur, inverser le destin ?
Assis dans nos fauteuils, fiers de nos certitudes
Nous fermons nos yeux devant les solitudes…


Maintenant, elle gît sur le triste ciment,
Et ses yeux bleu-azur fixent le firmament.
Son corps remue encore et son visage est blême,
Nous ne saurons jamais quel était son problème !


Moi qui musais, ce jour, à la belle saison,
J’ai compris sa détresse en voyant sa prison !
Alors, humble poète aux ancêtres trouvères,
Sur son cœur j’ai posé, deux ou trois primevères…