Plume d'argent Inscrit le: 21/11/2010 De: |
La passagère de l'oubli On s’est croisés juste par hasard, Par un matin tout ordinaire; On s’est accroché du regard; Aucun de nous pouvait s’extraire.
Dans ton silence trop bavard, Tous tes secrets, tous tes mystères; Ton doux visage de m’émouvoir... Je vois combien tu as souffert.
Femelle, que destin égare, Tu as reçu des coups sévères; Combien vécu de cauchemars Pour que ton âme erre en enfer!
Dans ta nature, niée, d’une part ; Dans ta raison, la prisonnière De tout un monde qui se déclare, De la conscience, dépositaire.
Oiseau blessé de toutes parts, Bien trop fragile pour prendre l’air; Ailes brisées, visage hagard, Tu as osé quitter la terre Avec la rage du désespoir, A la rencontre de l’âme paire, Pour tenter un nouveau départ Vers des espaces plus sincères.
Au plus profond de tes yeux noirs, Dans la violence de leur éclair, Toute ta douceur tu m’as fait voir, L’âme toute nue, le cœur ouvert.
Dans la pudeur de ton regard, Offrande sincère en la prière D’une femme, qui veut y croire En la tendresse dans cet enfer.
Comment oublier ce regard ? Comment pourrai-je m’y soustraire ? Quand, nous enchaine et nous sépare, Et nous déchire sans qu’il libère ? Comment franchir ces vieux remparts, Gardés par des chiens missionnaires ?
Comment te sortir du mouroir, De la tourmente, et du calvaire, Quand, moi aussi, tel un Icare, J’ai brûlé ailes dans les chimères?
Il a suffi d’un seul regard, Pour me plonger dans la colère. Du fond de l’âme, je te déclare, Combien, de rage je suis amère, De voir périr un être rare, Dans la tristesse de la misère Des sentiments, et de l’espoir Dans des bonheurs bien éphémères.
Vous, assassins, criez victoire ! Car c’est l’amour que l’on enterre; Victime de culture de bazar, Et de la morale de faussaires. Laissez passer ce corbillard, Qui traine son âme dans votre enfer! Puisse-t-elle hanter votre mémoire, Et existence toute entière.
Petite lueur dans un brouillard, Immortelle vive en cimetière, C’est un adieu sans au revoir, Je te chéris la vie entière, Toi qui, des femmes es l’étendard, Et de l’oubli la passagère, Pour te graver dans les mémoires, Je te dédie ces quelques vers.
« La passagère de l’oubli » A f-z, exil, 1998
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