Et te voilà parti parmi l'irrémédiable,
Si loin dans l'immuable et dont je ne sais rien
Si ce n'est cette pluie qui pend comme un tue-diable,
Puis que le regard mord, tant l'air est saharien...
Et me voici transie dans ma robe orpheline,
Piétinée des cent pas que l'on ne retient pas
Dans l'esprit d'un regret cherchant sa naphtaline,
Pour éloigner du cœur, les démons d'un trépas...
Et te voilà d'ailleurs où rien ne nous invite
A te parler d'ici tant manque un éclaireur
Pour nous porter au seuil où ton amour gravite;
Où moi je reposais, le feu de ma terreur...
Et me voilà si seule où j'avançais si vite
Sur les chevaux d'espoirs que tu m'avais offerts
Pour dépasser les joies d'un bonheur qui s'évite,
Tant le malheur est roi, des fonds de nos enfers...
Et te voilà fidèle au temps de mes silences,
Où la langue est muette et perdu sur un fil
Fragile et décousu par trop de turbulences,
N'ajoutant à la vie, qu'une ombre à son profil...
Et me voilà sans mot pour fleurir une page
Souffrant d'une avalanche effaçant le meilleur
Que ma plume inspirait tantôt dans ton alpage,
Ou dans ton grand cépage, ouvert à tout cueilleur...
Et te voilà d'un pile au cadran de l'absence,
A l'heure au rendez-vous d'un bien douloureux deuil,
Qui m'assigne au palais noir de ma connaissance
Qui puisait ton essence, emportant chaque écueil...
Et me voilà d'un coup face au jury du pire,
Cruel et implacable à tant de sentiments
Tombant sans retenu dans l'instant qui soupire,
Ce que la gorge expire, aux plus vains châtiments...
Et te voilà soudain comme une silhouette
Passant d'une étincelle au feu d'un souvenir,
Pour qui prendra le soufre au bout d'une allumette
Embrasant la mémoire, affolée d'en ternir...
Et me voilà brûlée par une action acide
Qui compose un portrait toujours décomposé,
Sur la peau qui se marbre où l'hiver en lapide
D'une neige éternelle, espérant s'y poser...
Et te voilà diffus où moi je suis confuse
En sentant là tes doigts s'échapper de ma main
Gelée sans le velours de ta douceur infuse
Qui transportait mon encre, au blanc d'un parchemin....
Et voilà je m'élève au ciment d'une étude
Qui m'apprend dans son cour un fémur en envol,
Puis soudain la fracture à toute incertitude
Propulsée dans un col, de douleurs en survol...
Et voilà tu t'en vas quand j'erre en ce repère
Que j'inonde au vertige ou n'était d'autre choix,
Que celui qui vous prend dans l'adoption d'un père
Tout ce qui était beau, d'un présent qui échoit...
Et me voila forcée de rester dans l'histoire
Et d'y semer la fleur de tes enseignements,
Quand je sens dans mes poings des murs pour auditoire
Qui pourraient déchaîner, de profonds saignements...
Et te voilà ma brèche au berceau d'une veine
Pulsant sous la suture apposé par le sens
Que tu surfilais d'or pour serrer ma déveine,
Mais que je sens lâcher, au couteau d'un non-sens...
Et me voici si prés de mon hémorragie,
Armant pour ta tendresse un mouchoir en garrot
Qui se voudrait l'honneur d'une voile assagie
Portant à ta lumière, un vaillant passereau...
Mais voilà tout un vide et soudain je m'y flanque
Comme en chien de fusil ou comme un embryon,
Nidée sur les parois d'un jour creusant le manque
Comme un destin croisé, par tant de Cendrillon...
Mais voilà j'irai voir dans ma désespérance
Un pays d'espérance au chaud d'une autre main,
Pour garder dans mon cœur forcé par l'endurance
L'éclat de ta valeur, par celle à son chemin....
Et voilà j'irai boire un vin sous la gouttière
Perfusant goutte à goutte un bain de minéraux,
Pour garder l'œil ouvert et veiller ta frontière
Traversant mon esprit, chassant tous ses barreaux...
Et te voilà soudain dans l'inversion des rôles,
Dépendant de l'ouvrage empêchant les oublis,
Que j'écrirai pour toi tant tes pensées me frôlent
Comme une étoile aux yeux, filant dans mes replis...
Et te voilà vivant dans un corps bien fébrile
Qui t'accueille en ses chairs comme un ventre à sa faim,
Qu'on nourrit d'un effort tant que l'âme assimile
Combien la poésie, ne connaît pas de fin....
-A mon regretté Abdelmadjid dit "Janov"; parce qu'il n'y a et n'y aura toujours qu'un père à chaque naissance-
-Dinner and the Ship of Dreams; Max Richter-
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