Il s’est écoulé déjà des mois,
Des mois que ce jour de pleurs et de ruines
A mis leur pays à bas,
Six mois d’indifférence et d’oubli,
Et ces hommes meurent toujours sans cri,
Pendant que le reste du monde vit et sourit…
Il y eut tellement de promesses
A voir ces images qui blessent.
Nos consciences bien civilisées,
Devant cette ville dévastée,
Ont seulement des biens donnés,
Mais de l’amour pas partagé…
Les riches se sont sentis coupables,
Ils ont voulu jouer responsables,
Surtout effacer l’impensable
En dispensant l’indispensable.
Et puis, comme par inadvertance,
Ils ont remis de la distance,
Repris de leur indifférence,
Sur tous ces gens refait silence.
Alors, dans ce qu’il reste de leurs rues,
Les enfants courent les pieds nus,
Têtes d’épingles sur la mappemonde,
Petites choses qui vagabondent.
LÃ -bas on meurt surtout de faim,
Ici on peut choisir son pain,
LÃ -bas, on prie juste pour demain,
Ici, pour ne manquer de rien,
Qui donc a choisi son destin ?.
Chacun regarde au bord de lui,
Oubliant que rien n’est écrit,
Et que peut-être un jour, le cri
Qu’on entendra, viendra de celui qui oublie...
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Françoise Pédel Picard