Je suis le peuple qu’on mitraille
Celui qu’on pend à tous les vents
Celui qu’on méprise et qu’on raille
Celui qu’on vend au plus offrant
J’ai subi tant de maux et de haine
Celui qu’on met à la rue, sur la paille
Parfois mendiant, parfois brigand
Tant de faim, tant de froid, tant de peine
Celui qu’on dit ne valoir rien qui vaille
Sans présomption ni beau langage
Le sens commun qu’on dit vulgaire
Dans les banlieues du voisinage
Les pauvres gens, des va nus pieds
Des sans patrie, des sans papiers
Qui n’ont plus rien sauf le courage
On nous dépeuple à tour de lois
On nous déporte aussi parfois
Et si mon sang n’est pas illustre
On le trafique en maints endroits
Si je me tais quand on me mène en guerre
Par tous les saints on nous met bien en terre
Mon dernier mot n’est pas refrain
Il deviendra marée demain
Pierre-Louis SESTIER
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