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J’avais reçu ces jours derniers,
Le printemps approchant oblige,
Les catalogues au grand complet
Des marchands de rêve et prestige.
L’attrait était grand je l’admets,
D’un décor digne de palace
Je commençais à désirer
Des piscines sur mes terrasses.
Chaises longues et rideaux flottants
Coussins, bougies et ces cohortes
De couleurs de soleils couchants
Juste là , offerts à ma porte.
Je me lançai. Je commandai
L’ensemble en teintes assorties
Et en attendant j’imaginai
Une ébauche de paradis…
Hier : grand soleil ! Le bon jour !
J’ai déballé ce joli monde
Essayant de coller autour
Ces détails qui faisaient la fronde
Il faut dire que ma maison
N’est pas née dans les magazines
Elle n’a pas de beau gazon
Mais des pentes de sauvagines.
J’ai bien tondu et ratissé,
Balayé ce qui pouvait l’être
Sur les terrasses escarpées
Où j’imaginais mon bien-être
En bon nombre d’aller-retour
J’ai installé tout ce théâtre
Suant comme un bœuf de labour,
Virant peu à peu au rougeâtre.
A la fin de l’après-midi
Lorsque j’ai enfin pu m’étendre
Le soleil était bien fini
Et mes terrasses étaient à l’ombre.
Un glacial petit vent coulis
Tournait les pages de mon livre
En faisant couler les bougies
Sur ma peau qui tournait au givre.
J’ai repris mon charivari
Il m’a tout fallu redescendre
Double charroi et double ennui
Pour bien peu de repos à prendre.
Car les coussins ça craint la pluie
Et je n’ai pas de domestique
Pour chasser les chats qui, la nuit,
Font leurs griffes sur l’esthétique.
Et encore ! J’avais résisté
A l’appel hurlant des sirènes
La robe longue et pailletée
Qui m’aurait transformée en reine !
Monesille
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Cultivez votre amour de la nature, car c'est la seule façon de mieux comprendre l'art! (Vincent Van Gogh)