Les flots de ta douleur, grossis d'âpres regrets,
Emportent de l'espoir la saveur et la flamme,
Aveuglent la raison jusqu'aux replis secrets,
En ravivant la plaie de ce funeste drame.
Si la mort le guettait dans le creux du virage,
Sa faux t'a gracié, naufragé que tu fus,
Brusquement englouti par les feux de l'orage
Qu'un ciel amer larguait, foudroyants et profus.
Pour la paix du petit, sèche vite ces larmes ;
Ces remords et soupirs, ce chagrin répandu,
O combien ils sont vains, combien ils nous alarment
Peinent en son repos ton angelot perdu !
Ne vois-tu pas fleurir autour de toi la vie,
Répandre ses parfums, ces accents mordorés?
Sois donc au rendez-vous où l'ardeur te convie
A jouir à nouveau des plaisirs ignorés.
Affligée par l'épreuve et tôt son cœur guéri,
Ta femme se flétrit au vent de ta tristesse ;
Va vite respirer ton souffle favori,
Retrouver auprès d'elle un rayon d'allégresse.
Khadija