Lorsque tu m’as connue j’étais encore vierge.
Ce soir là , dans ta chambre où n’éclairait qu’un cierge,
Très délicatement, me posas sur ton lit
Près de moi t’allongeas, sans un mot, très poli !
Toi tu réfléchissais, la tête entre les mains.
Ce que j’étais alors ne serait plus demain….
Quel éclair jaillit donc dans ton crâne en douleurs
Quand tu me barbouillas de toutes ces couleurs ?
Je ne réagis pas, quoi que très réfractaire,
Tu m’infligeas en plus ton sale caractère
En ajoutant ton nom au feutre indélébile,
Comme pour me marquer. Avais-je été débile ?
Lorsque l’aurore vint, bien trop naïve encor
Tu me roulas enfin, me changeas de décor.
C’est le long d’un trottoir que tout se débloqua.
Contre un mur décrépi, d’un coup, tu me plaquas.
« Là tu seras très bien et chacun te verra !
Tu es assez jolie et je crois… ça ira ! »
Puis tu te reculas pour observer les gens…
Tu m’avais larguée là pour gagner ton argent !
Et quel que soit le temps, qu’il neige ou bien qu’il vente,
De jour ou bien de nuit, je reste ta servante.
J’ai perdu mes couleurs mais, ingrat, tu t’en fiches !
Et c’est toujours ainsi quand tu fais des affiches !