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"La corrida a fait couler beaucoup d’encre avec des interprétations symboliques souvent tirées par les cheveux, comme celle du combat entre le féminin et le masculin. Certains prétendent que ce spectacle plaît car il démontre la supériorité de l’homme sur la force brute du taureau. Je ne suis pas un expert encore moins un anthropologue et je ne fais pas l’apologie de cette « fête ». Ses origines demeurent inconnues. Le taureau dans les sociétés pastorales a une place importante ; il était aussi utilisé dans les guerres, souvent attelé à de chariots en feu, pour attaquer les ennemis. Si cette « course » est aujourd’hui un divertissement de masse, sa constance dans l’histoire doit nous interpeler. Le taureau symbole de puissance et de fécondité est l’une des images égyptiennes du soleil reprise par la Crète minoenne. Les fouilles du site de Cnossos ont par exemple mis au jour des fresques minoennes (datant environ de 1500 av. J.-C.) représentant des scènes de jeux avec des taureaux. Les hispaniques en firent ce que nous en connaissons aujourd’hui, on ne sait par quel cheminement.
Le concile de Tolède, réuni en 447, comparait en fait cet animal au diable : « apparition noire, monstrueuse et gigantesque, avec des cornes sur la tête, les pieds fourchus, des oreilles d'âne, des poils, des griffes, des yeux féroces, des dents terribles, un immense phallus et dégageant une odeur de soufre ». La perception que l’on se fait du taureau est culturelle. Cet animal chargé de ces valeurs affronte dans un cercle un habit de lumière donnant à ce combat sa dimension solaire.
Pour ma part, j’ai toujours été frappé par la lecture du combat d’Achille et d’Hector où Achille devient une émanation de la toute puissance du soleil et du destin qui va faire tomber Hector dans la plaine sableuse avant que son cadavre ne soit traîné par son vainqueur autour des remparts de Troie.
Homère exprime avec puissance un fonds commun à celui de la corrida : le casque et les armes d’Achille étincellent de soleil.
Au centre de notre univers, le soleil peut représenter la toute puissance divine et politique, mais il a donné aussi aux hommes l’intuition et l’espoir d’une résurrection après la nuit de la mort où l’obscur et le lumineux dansent tous les jours un pas double.
Vision de poète qui se plaît à retrouver dans ces images une source pour son inspiration."
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