Bien qu'elle eut esquissé au coin des lèvres,
Ce sourire qui me rappelait son beau pays,
Ses vallons, ses forêts, ses gours, ses rivières,
Anne regrettait, aujourd'hui, les heures d'ivresse;
Celles, où ses pâmant dans les bras de son mari,
Elle mourait d'amour, de soifs d'inapaisés.
Vivait sans compter, en bravant le temps.
Son coeur qui palpitait aux couleurs de l'été.
Qui eût dit, un matin, au bord de l'étang,
Qu'Anne allait commettre l'irréparable?
En troquant son mari, pour un drôle, un tocart...
Vingt-Dieux! Les bruits coururent; trop tard...
Sacrilège! L'hymen était consommé; vint l'orage.
Le mari, cocu, regrettait de s'être marié,
D'avoir aimé pour rien, de faire le ramage,
A une belle; lui qui croyait à l'éternité...
Sa vie, sa fortune, son entourage...
Trente ans de bonheur; trente ans bafoués.
Un secret lourd à porter, à exorciser...
Ne pas l'ébruiter aux enfants, en son sein caché,
Le jour qu'ils grandiront au milieu du désordre...
Le cocu espérait, toutefois, enterrer ses cornes...
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Je crois qu'il n'y ait eu guère d'auteurs qui aient été contents de leur siècle. Vauvenargues.