Dans les rues de Paris la foule se compresse
Assis à un Café je regarde les gens
Face à moi agités, qui s'en vont et me dressent
Un portrait affolé reflétant l'air du temps.
Et Coralie sourit.
Soudain j'ouvre les yeux et tout autour de moi
Le monde semble secoué d'un soubresaut puissant,
Convulsion lancinante naissant de leurs émois.
Ont-ils seulement conscience d'être si transparents?
Et Coralie sourit.
Puis, sa main dans la mienne qui ne veut me lâcher,
Nous parcourons Paris à un rythme indolent
Guidé par notre envie d'oublier un instant
Ce demain embrumé qui va nous séparer.
Et Coralie sourit.
Mais nous voila demain et j'attends Coralie
Assis à un Café où j'observe les gens
Dont tant de petits rien me dévoilent la vie
Que c'en est indécent. Que c’en est fascinant.
Et Coralie sourit.
Du moins dans mon esprit, mais je croise les yeux
Effrayés d'un enfant qu'un homme tient par la main.
Un petit maghrébin, un blanc un peu trop vieux
Et un peu trop brutal. Son regard crie la faim.
Et mon âme en frémit.
Je capte des détails qui me brossent un tableau
Me donnant une envie, simplement me lever
Et arracher l'enfant des mains de ce salaud
Qui va lui faire du mal, c'est comme ça je le sais.
Et mon âme en frémit.
Je referme le poing, mes jointures blanchissent
Car oui je me contiens. Mon regard accompagne
Celui de cet enfant dont je sais les sévices.
Mon cœur à la ramasse bat soudain la campagne.
Et mon âme en frémit.
Mais que pourrais-je faire, même si je peux tout voir?
Comment pourrais-je dire aux gens autour de moi
Que cet homme d'âge mûr exsudant le devoir
Est bourreau des enfants qui subissent sa loi?
Et mon âme en frémit.
J'inspire à pleins poumons, et je clos mon regard
Me coupant de ce monde. En comptant jusqu'Ã trois
Je me retrouve en paix, plongeant au fond de moi
Et je rouvre les yeux. Il est déjà trop tard
Et mon âme en frémit.
L'enfant s'en est allé, et oui je n'ai rien fait
Même si je le savais. Je ne suis pas un dieu
Et mon don est bénit autant qu'il est damné.
Il me faut l'accepter et puis faire de mon mieux.
Et j'ouvre mon esprit
Un temps je reste là à observer les gens
Et je découvre en eux soudain ma poésie.
Ma plume de vérité s'unit en cet instant
A ce regard étrange me dévoilant leurs vies.
Et j'ouvre mon esprit
Alors de l'empathie j'accepte le fardeau
Et j'use de ce don que m'a offert la vie
Pour aller écarter un instant le manteau
Me masquant leurs pensées. Et soudain je souris
Et j'ouvre mon esprit
Car je pose les yeux au détour d'un virage
Un peu plus loin là -bas, un feu nous séparant.
Et je vois Coralie, j'entrevois son visage
Mon âme hurle de joie, mon cœur s'arrête un temps.
Car Coralie sourit.
Et d'un coup elle est là , et alors je lui dis
Que j'aurais pu bouger, qu'il fallait essayer
Et que je n'ai rien fait. Elle me dit "C'est la vie
Qui te rend impuissant, ça n'aurait rien changé."
Et Coralie sourit.
Je sais qu'elle a raison et j'admets sa sagesse
Mais je n'oublierai pas ce visage d'enfant
Me hurlant au secours. Il faudra que je dresse
Un beau jour son portrait. Il viendra en son temps.
Et Coralie sourit
Et moi je la regarde comme je les regarde eux,
Elle m'apparaît si belle que je dois l'embrasser
C'est un courant profond et même un peu furieux
La douceur passionnée de jeunes fiancés.
Et Coralie sourit.
J'en oublie jusqu'au temps, son regard me captive
Tant j'y lis un amour me paraissant sans fond
Quand il s'en vient clamer la victoire décisive
Sur mon âme conquise acceptant son pardon.
Et Coralie sourit.
Le 14/06/11
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Je suis mon propre roi.