Dans tous les mots, je n'ai su que t'aimer.
De mon argile j’ai modelé quelques mots
Pour les consonnes ce n’était pas si facile
Aux sons purs des voyelles j’ai dû les associer
Ouvertes ou fermées, je les ai respirées
Et devinrent langage étincelant d’images
Pour t’offrir ce bouquet au parfum de pensées
Dans mon argile que j’ai labourée de vers
Les rimes féminines se sont mises à scander
J’ai aspiré mon h et dit au e muet
Qu’il devait s’élider dans la légèreté
Avec les diphtongues on est embarrassé
On hésite parfois à les dissoci-er
Alors il faut compter le bon nombre de pieds
Dans un alexandrin et placer la césure
Pour respecter la coupure chère à Boileau
Heureusement il y a parfois l’enjambement
Qui pourra nous conduire à quelque bel effet
Surtout si le rimmel nous les fait se croiser
J’ai promené mon désir, licence poétique
Avec l’élégance d’une vieille grammaire
J’ai lu tous les traités les bons et les mauvais
Etudié les fonctions, les représentations
Les jeux de la fiction, son articulation
Dans cet ordre d’idées, généré ma pensée
Et je m’en suis allé du pays de l’art triste
Solitaire et glacé sans le désir de vivre.
Lecteur, dans tous les mots, je n’ai su que t‘aimer.
Pierre-Louis SESTIER
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