En ces jours malicieux où même le soleil
De ses rayons de pluie semble verser des larmes
Je m’en vais au matin recouvrir le sommeil
Mon éternel amant aux innombrables charmes

Dans les bras accueillants d’une muse invisible
Je retrouve la joie de mes premiers trésors
Et m’amuse à chanter l’éphémère indicible
De cet oiseau de nuit qui s’envole à l’aurore

Incurable paresse en ces jours épuisés
Où les gouttes de pluie deviennent des berceuses
Je somnole écoutant l’harmonie déchantée
Des ces complaintes sourdes et pourtant délicieuses

Le brouillard impudique à l’aube nous effleure
Et embrasse nos joues timides et malades
Semblant nous inviter à consoler nos pleurs
Dans nos lits esseulés et nos rêves nomades

Au réveil impoli, la brume matinale
Agit comme un remède à la monotonie
Sous nos paupières lourdes une ardeur estivale
Guérit soudainement nos vieilles insomnies

Sur les trottoirs mouillés, la parade insolente…
Des rêveurs égarés hurlent sous ma fenêtre
De leurs pas saccadés – démarche assourdissante !
Puis s’en vont travailler – Esclaves du non-être !

Et pourtant la nature endort nos yeux mi-clos
En ces jours malicieux où pleure le soleil
Allons-nous, au matin rejoindre nos berceaux
Afin d’y caresser l’ivresse du sommeil