JE TE DESSINAIS...
Je te dessinais
Comme un papillon grisé,
Errant sur un tapis multicolore
De fleurs printanières.
Comme un gai pinson
Sautillant d'une branche à l'autre,
D’abricotiers sertis de roses.
Je te dessinais
Comme une ombre amie
Elle-même,
Ou telle qu’elle prétend être
Indéfectible.
Une bonne vivante
Aux pulsations obscures
Aux regards accrocheurs
Aux fenêtres ouvertes
A tout vent, Ã tout venant.
Je te dessinais
Comme une voix de sirène
Aux sonorités veloutés
Captivantes
Aguichantes
Déroutantes.
Tu me dessinais
Selon ta météo
Au jour le jour
Tantôt comme un ciel bleu
Ou comme un temps ombrageux
Tantôt comme un chant mélodieux
D’une douce journée d’automne
Tantôt comme une joie effrénée,
Passionnant, aimant
Comme l’ardeur du printemps
Tantôt comme un Chergui*d'été
Chaud, sec, houleux
Comme tout vent du Sud.
Tu me dessinais
Comme un sens interdit
Sur le mur d'une impasse.
Comme un sans papiers
Placé dans un enclos
Ceint d’épines et de barbelés
Digne d'une réserve
Pour indigènes des temps modernes
Forcé a soliloquer
Comme un semblant de poète
Fou de l'ombre d'un arbre dénudé.
Je ne dessinerai plus.
Plus jamais,
Le printemps, ses chants
Et ses champs verdoyants.
Plus jamais l'automne
Ses aurores et ses ors
Généreusement étalés
Sur toutes les allées.
Plus jamais
L'été , ses couchers
Chatoyants,
Dorés, auréolés,
De peinture, de poésie
De rêve…
Et dans mes rêves,
Je ne te dessinerai plus.
Plus jamais.
*Vent du Sahara, chaud et sec
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