Plume de platine Inscrit le: 25/1/2012 De: Alsace |
LE SONGE Le songe
Maintes fois déjà , j'eus ce songe émerveillé. Ma vie renaît sur un champ de rêves brisés Comme un rameau frémit au sortir de décembre, Comme une souche brûlée reprend sous la cendre :
« Mon père tant chéri, du fond de son néant, Me contemple et de son sourire encourageant, Comme au temps de mon enfance il a fait toujours, Me dit « Vis, palpite, tu es digne d'amour »
A ces mots si doux, mon coeur éteint se réchauffe, Voit enfin l'être guettant la ferveur qui sauve, Tapi depuis toujours dans le creux de mon ombre, Poser sur moi, sur mon âme, son regard sombre.
Je ne suis plus alors cet humain aboli Traînant sa vie de désespoir et de repli, Ahanant sous l'insignifiance jusqu'au bout, Un pied mis devant l'autre, ne sachant vers où.
Et tous deux nous allons sous les rayons qui dardent, Longeant les champs mordorés aux épis barbus. Au zénith gazouille l'alouette bavarde Et puis s'abat au sol avec un cri aigu.
Vers cette eau limpide nichée dans la forêt Nous portent nos pas. Entrons dans le frais filet ! Des alevins goulus picorent nos pieds nus. Sur l'herbe veloutée, je me suis étendue.
Et j'invite l'Autre Moi-même à me rejoindre. Nous demeurons ainsi, rêvant et sentant poindre, comme au premier jour de la terre, la naissance de l'élan encor furtif, de l'émoi des sens. »
Mais, las ! Le coeur offert, je ne sais pas le prendre. Et toujours, j'épouvante à force de me défendre, et retourne dans la plaie le couteau dément que brandissent devant moi mes propos sanglants.
Alors, plein de dégoût, mon coeur mort se soulève. Je reste sans amour. Ceci n'était qu'un rêve.
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