La poésie m’ennuie
Dans les salons des beaux esprits
La poésie m’ennuie
Dans les traités des érudits
Pour leur ragoût de mots
Pas toujours cuits
Dont je n’ai, je vous l’avoue,
Aucun goût.
Un sorbonnagre tue la vie
Je préfère être sot
Jouer de mes grelots
Plutôt qu’entrer en flatteries
En sainte hypocrisie
Je laisse aux érudits
Traiter de nos grands cris
Moi, j’ai pour compagnon Sganarelle
Polichinelle, Ribambelle et Gnafron!
Nous sommes de la rue
Comme d’autres ont un nom
Nous aussi nous chantons
De bouteille à oreille
Le vieil air des lampions
Nous sommes populaires
Sans secret, l’escarcelle vulgaire
Dans notre comédie
En notre compagnie
Tu apprendras l’éloge du tabac
Dans un fameux passage (ah !ah !ah !)
Et d’autres pitreries
Qui nous font docteur en poésie
Sans que l’on s’y ennuie.
Pierre-Louis SESTIER
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