Plume de platine Inscrit le: 25/1/2012 De: Alsace |
LA MERE côté pile (bien-pensants s'abstenir) LA MERE Côté pile
Elle ourdit son cher trésor, sa vie occultée, neuf mois durant, son corps suspendu à l'attente, n'est plus que l'impudique vecteur d'une lignée, l'étendard d'une virilité triomphante.
Dûment applaudie par ses proches goguenards, le geste compulsif, le coeur au bord des lèvres, elle s'adonne à quelques préparatifs ringards. L'égale de l'homme ? Fi, de ce hochet mièvre !
A la délivrance, l'étreint un pur amour. Elle découvre la foi naïve de l'alien, réplique d'elle-même, à qui elle donne le jour, fixant le lien de son regard confiant au sien.
Il attend tout d'elle, sa protection, sa substance, un miroir aimant pour bâtir son âme neuve. Souriant à cette promesse d'existence, débute un dialogue où leurs vies s'abreuvent.
Elle réfrène son être, va se multipliant, et, sous les feux croisés d'exigences doubles -l'attente du petit, du père la jalousie trouble- en force et sagesse fera grandir l'enfant.
Le voici homme. Elle contemple son chef-d'oeuvre ainsi que de sa vie enfuie, les restes blafards. Fierté et amertume, telle une pieuvre, s'entremêlent au fil des souvenirs hagards.
Pour avoir été fille, elle n'est plus que mère qui s'est acharnée de tout son coeur à bien faire. Pourtant, ce n'était qu'un mirage délétère. Sigmund l'a bien dit : elle a tout fait de travers !
Sordide réplique du bébé, marchant au tombeau, elle voit ses filles s'empresser vers ce destin, deviendra pour ses enfants repoussant fardeau, qui au rire de l'ange, voit ricaner le Malin !
N.G.
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